25.5.08

Les Ateliers de Rennes

vendredi 16 mai

direction Rennes - 2h03 de train - arrivée 15h15 - retour 21h55

Première édition de la biennale. Ont été mobilisés la Criée, le Musée des Beaux-Arts, l'école des Beaux-Arts, le Triangle, le Grand Cordel... tout établissement ayant trait à la création contemporaine dans la ville. Deux pôles : l'organisation, Art to be et le financement, Art Norac. Une partie des oeuvres ont été produites lors de résidences de 15 des artistes dans des entreprises de Bretagne.

Illustrer "les relations entre art et entreprise" prend des formes variées et contrastées dans la biennale, allant de la collaboration ou l'assimilation à la critique idéologique. Leur point de réunion : le lieu de travail comme toute structure créant du lien social, de l'habitat et de l'activité présente autant de chroniques humaines. L'entreprise prend souvent la forme d'un lieu intime.

Les travaux d'une cinquantaine d'artistes sont rassemblés au Couvent des Jacobins, nouvellement réouvert. Ils se déploient autour du cloître dans les galeries déambulatoires et dans les anciennes salles du couvent attenantes ; les murs sont bruts, marqués par des dépressions d'usure ici, des moulures, des ogives par là. Le lieu est magnifique, on y imagine les déambulations contemplatives des anciens demeurants. Y furent célébrées les fiançailles d'Anne de Bretagne et de Charles VIII! (Aura-t-on le même souvenir attendri dans 500 ans pour le lieu de mariage de Nicolas & Carla? Pardon pour cette niaiserie, mais je trouve cette référence moyenâgeuse digne d'une lectrice de Gala)
La vidéo de Marie Reinert a été mon coup de coeur de l'évènement : explorant le bâtiment des Archives Départementales, elle refigure un passé classifié non visible dans la nouvelle construction colorée au moyen de noirs et blancs saturés ; une monotonie galvanisante, marquée par des mouvements continus et géométriques, entre science fiction et atmosphère antonionienne.
Il y avait aussi la série de photographies de Istvan Balogh Ceshow créant des micro-fictions en deux images, la vidéo de Pierre Huyghe montrant l'inversement d'un vol, la vidéo de Chieh-Jen Chen, Factory, autour des ouvrières d'un atelier de confection.

(je n'ai pas eu le temps de bien tout voir, il y avait beaucoup de choses)



Au musée des Beaux-Arts, Nicolas Floc'h présente un projet impressionnant : pour réaliser un filet monumental en forme de tour Eiffel, il a mobilisé tout un réseau d'industries de pêche bretonnes. Il expose une sculpture multicolore du filet replié, des clichés des ouvriers et du chantiers, des maquettes.

La collaboration d'Iaian Baxter& avec les étudiants des Beaux-Arts aboutit à un ensemble de travaux amusants autour de l'entreprise de Bruno Caron, initiateur de la biennale aka "le roi du sandwich"(Daunat). Tout un étalage de miches de pain, baguettes en discussion, en culture, en gloire... Il montre aussi des travaux plus anciens, dont ses photographies montrant des panneaux "stop viewing".

Au triangle, Benoit Laffiché présente une installation de vidéos sur les chantiers de démolition de deux cinémas en Inde par la même entreprise.



A voir aussi : les panneaux publicitaires occupés par les messages de Jean-Charles Massera un peu partout dans Rennes.

Je suis partie de la biennale avec des questions dans la tête, et en ayant découvert de belles choses. La notion de travail y est souvent abordée comme un questionnement philosophique. L'entreprise elle, est évoquée dans ses aspects les plus poétiques. Je me rappelle il y a longtemps avoir vu une exposition à Genevilliers dans l'ancien bâtiment de réunion syndicale de jeunes artistes de la ville. Et j'avais été frappée par le sentimentalisme développé autour du travail : la nostalgie d'une forme d'intimité qui avait été créée dans ce lieu au fil des années et des rêves de la banlieue rouge. Dans la logique globale actuelle, il est difficile de concevoir l'entreprise de manière affective : le capitalisme est le support de l'individualisme et de la perte de lien social, il est même parfois criminel quand il est sauvage.
La biennale veut véhiculer des idées positives sur le monde de l'entreprise, c'est pour cette raison qu'il y a peu de travaux évoquant les conséquences parfois dramatiques du capitalisme. Elle n'est pas pour autant consensuelle : Bruno Caron a, semble-t-il, une démarche très sincère.

PS : Rien à voir mais il y a une très belle boulangerie face à l'école des beaux-arts, pour la pause. je dis ça parce que c'est un credo personnel : il est dangereux de voir de l'art à jeun.

9.5.08

Pierre Huyghe - ressources

Streamside day

Il est possible de voir en streaming quelque films de l'artiste sur ubuweb : Pierre Huyghe

7.5.08

Celeste Boursier-Mougenot chez Xippas - à voir absolument

Pas mal d'articles ont été écrit sur cette exposition ; je fais ce post parce que l'exposition dure encore deux semaines, jusqu'au 17 mai et si vous avez le temps de passer vous ne serez pas déçu.

La pièce from Here to ear est un enchantement : l'espace a été aménagé en volière, des dizaines d'oiseaux sont perchés sur des guitares électriques reliées à des amplis et leur mouvements produisent des sons. A un moment un des assistants de la galerie est passé très rapidement dans le passage, ce qui a entraîné un envol massif des oiseaux dans la galerie d'une guitare à une autre, produisant une saturation "noisy", c'était fascinant.
Hier soir j'ai assisté à une intervention dans un sémaire de l'EHESS - Performance filmée, Caterina Pasqualino - de Bertrand Hell, un anthropologue spécialisé dans les rites de possession des Gnawa (c'était passionnant, une analyse par la notion d'efficacité symbolique, qui serait un mi-chemin entre la psychanalyse et l'analyse structurale... mais là n'est pas le propos ici, une autre fois). Il a évoqué lors de ce séminaire, la notion de plasticité du cerveau dans le cas des pratiques artistiques : une certaine zone du cerveau se développe par exemple quand on fait du piano ou de la guitare. Je me suis alors posée la question avec ces oiseaux : es ce qu'il y a eu une évolution des sons produits dans le courant de l'exposition? es ce que les oiseaux ont acquis une "conscience" de la production de sons par leurs mouvements? sont-ils devenus des oiseaux mélomanes ou carrément musiciens ou s'agit-il d'une simple adaptation sans un changement neurologique?

La deuxième pièce valant le détour est Zombiedrones. On est prié de s'asseoir dans un canapé Chesterfield noir pour regarder la télévision. Sauf qu'un programme informatique transforme les images comme un effet photoshop, tout passe en noir et blanc et les contours sont accentués. La trash tv se transforme en cinéma expérimental. On prend la télécommande et on zappe de chaîne en chaîne: je suis tombée sur un programme de cuisine - des visages, une cuillère remuant une mixture aux tons de métaux liquides dans un cul de poule et un sitcom, où les personnages souriant sans voix prenaient une profondeur métaphysique. Une expérience particulièrement significative pour tout drogué (ancien ou actuel) de la télévision : comme dans le film de David Cronenberg Videodrome où la télévision se transforme en objet animé, cette pièce réalise le fantasme d'une télévision où le spectateur est interpellé dans sa passivité.









ps : par contre je suis d'accord avec Marc Lenot, les titres c'est pas son fort :)


5.5.08

Jeff Koons : j'aime ou j'aime pas?

évaluation par % :



oui



non



oui



oui



oui



oui



oui



oui



oui



oui



oui



oui



non



non



oui



non



non



non



non



oui

total : 13/20
65% d'avis positifs

Barbara aime Jeff Koons en fait!

maintenant c'est à vous.
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1.5.08

Art Brussels 2008 - mieux vaut tard que jamais

Première foire de Bruxelles le week-end dernier. J'étais accompagnée par une chercheuse d'or (conseillère de collectionneur) très optimiste, ce qui m'a beaucoup changé de ma compagnie habituelle des foires parisiennes, ronchonnant de coeur avec moi sur le trop plein de monde, l'arrièrisme de la scène parisienne... un contexte familier.
Bruxelles ça change parce que déjà c'est pas Paris, et même s'il ne faisait pas beau, ce n'était pas grave parce qu'on a pris le train, que ça veut dire partir et ça aère le cerveau.
L'atmosphère de la foire est détendue, chaleureuse, le lieu très agréable : les stands sont grands, il y a des poutres en bois, on oublie qu'on est dans un parc d'exposition.
C'était plus grand que je ne pensais : il y avait quand même 180 stands dans deux grandes halles et ça nous a pris toute une journée.

les highlights :





Les images grattées de Jonathan Callan sur le stand de la Grusenmeyer Art gallery. Sur le même stand les photographies de Bianca Brunner.



Surprise de la qualité des galeries russes présentes : Aidan, Regina et XL.







Pavel Pepperstein (il était d'ailleurs aussi chez Sutton Lane)






(normalement Leonid Rotar et Philipp Dontsov d'après mes notes)

Les coups de coeur photo :



Joachim Schmid



Alfredo Jaar à la galerie Lia Rumma

Sinon la photographie de Clegg et Guttmann à la galerie Thoman (Autriche) et celles de Jack Pierson chez Andre Simoens (Belgique).

Je ne me lasse jamais de voir :



Marc Desgrandchamps



Mon coup de coeur peinture! Présenté à la galerie Grimm Fine Art, Alex Dordoy, jeune artiste écossais inconnu sortant probablement des Beaux-Arts... (son nom m'a été révélé à contre-coeur, du scoop semble-t-il).

Sinon j'ai beaucoup aimé le stand de la galerie Ron Mandos, presqu'une exposition thématique sur l'architecture utopique, avec les oeuvres de Hans Op de Beeck et de Renato Nicolodi. La Galerie Perry Rubenstein présentait des trucs très bien, les peintures de Santiago Cucullu (non c'est vraiment son nom) et les collages de Mike Quinn.

Dans l'ensemble une journée très agréable et enrichissante à Art Brussels, bien qu'un peu fatiguante parce que c'est une journée de marche mine de rien...